vendredi 12 mai 2017

Ostende 21

"Ils eurent ensemble la même idée ; personne ne la formula à voix haute. Dans le lit, ils répondirent seulement à deux questions.
Combien voulaient-ils gagner.
Combien ils étaient prêts à perdre."


Auteur : Arthur Loustalot
Editeur : Les Escales
Genre : Contemporain
Date de parution : 02 mars 2017
Nombre de pages : 208
Prix : 17,90 €
Prix format Kindle : 11,99 €


Présentation de l'éditeur

Adèle et Joseph ont vingt-sept ans. Ce sont de beaux enfants. Peut-être les plus beaux du monde. Amoureux fous. Une virée en Belgique leur fait découvrir Ostende. Sur la plage, face à eux, se dresse une architecture raide et grise, soviétique : le Kursaal. Le casino de la ville est l'un des plus grands d'Europe.
Adèle et Joseph entrent et jouent, perdent, gagnent, s'abandonnent à ce monde hors de tout. Ils reviendront, c'est une promesse. Un temps, le jeu sublime leur histoire. Très vite, la réalité est amère, insuffisante. Le quotidien à Paris les accable. Ils s'ennuient, se disputent, se déchirent. Il n'y a que le casino qui les rassemble et les transporte. Protégés du monde extérieur, c'est dans les cris électriques des machines et cet instant suspendu où les cartes se révèlent et se posent que la passion exulte... Alors le piège se referme.


Mon Avis


Entre Etretat, Ostende et Paris, pour Adèle et Joseph, ce sera toujours la célèbre ville belge qui l'emportera sur le reste. Nous suivons ce jeune couple qui s'aime passionnément. Ils sont jeunes, ils sont beaux, ils vivent un amour débordant et fusionnel. Ils sont à un tournant de leur vie puisqu'ils veulent devenir parents.

Cependant, Adèle et Joseph sont insouciants comme des enfants. Ils éprouvent des craintes sur ce monde violent qui s'ouvre à eux, avec ses attentats, sa jeunesse qui doute. Alors, pour y échapper, seul refuge possible : le jeu au casino, plus précisément le blackjack. Le jeu, c'est l'adrénaline, la liberté, l'ivresse. Mais cette addiction devient rapidement un problème et met à mal leur amour.

Le décor et l'ambiance des grands casinos sont extrêmement bien retranscrits. On a parfois l'impression de regarder un film.

"C'était un grand palier éclairé au néon et meublé de canapés en cuir. Tout droit, il menait vers les toilettes, à droite, vers les tables de jeu. Ils décidèrent de se promener d'abord à gauche, dans la salle des machines à sous. Elle était plongée dans le noir. Les joueurs étaient des ombres fouettées par les flashs des rouleaux, ou les lasers de l'électronique multi-roulette." (p.44). 

C'est intéressant de voir le piège se refermer doucement sur le jeune couple, que le refuge devient peu à peu poison.

Autre originalité : le narrateur est croupier. C'est lui qui raconte l'histoire d'Adèle et de Joseph, ce couple qu'il a l'habitude de voir, de leur parler. Il donne l'impression d'être fasciné par ce jeune couple.

"Souvent, on m'a demandé de raconter cette histoire. Il est rare que j'exécute. C'est la leur, ils l'ont emportée avec eux. Mais il arrive que la blessure s'ouvre ; alors il faut la suturer. Je dis qu'ils avaient vingt-sept ans, pas plus, et que c'étaient de beaux enfants. Peut-être les plus beaux du monde. D'eux, rien d'autre. Je suis simple croupier qui a ramassé sur un tapis vert quelques confidences. Des morceaux de vie libérés par les revers de la chance." (p.7).

Enfin, j'ai malheureusement été déçue par le dénouement. Cette fin est au départ formidablement bien écrite, très symbolique et magnifique. Mais le tout dernier paragraphe m'a laissé sur ma faim. Le roman s'achève sur une fin ouverte. Ce n'est peut-être pas plus mal car ça permet de faire marcher mon imagination, mais je ne peux pas m'empêcher de me sentir frustrée. En plus, n'oublions pas que cette histoire a été imaginée par l'un des croupiers du casino. Toute l'intrigue serait-elle totalement inventée à partir de l'image de ce jeune couple jouant au blackjack ? En tout cas, voilà un roman qui ne cessera pas de nous intriguer.

En bref, Ostende 21 est le reflet d'une jeunesse ivre de vie, d'un amour fusionnel peu à peu rongé par l'addiction au jeu. Le blackjack est à la fois liberté, adrénaline et refuge face à un monde trop grand et trop violent pour Adèle et Joseph. C'est une belle histoire sur la jeunesse, sur l'amour et sur les addictions. Dommage pour ce fameux dernier paragraphe, qui m'a laissée sur ma faim, et seule face à mes interrogations. Cependant, autre point positif : le style d'Arthur Loustalot, à la fois doucement acerbe et contemplatif.


 A bientôt pour une prochaine chronique ^^











1 commentaire:

  1. Coucou ma coupinaute !
    Arff les fins ouvertes, j'ai horreur de cela. Il me faut forcément une réponse, sinon je deviens vite irritable^^
    Dommage, le thème était sympa et ta chronique une tuerie...comme d'habitude.
    Gros gros bisous et à trèsss vite !

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